La proposition de loi visant à sanctionner les clients des prostitués a été adoptée hier mardi 19 novembre 2013, en commission spéciale

Je souhaitais relier le point de vu d’Elisabeth BADINTER sur ce sujet sensible !
«L’État n’a pas à légiférer sur l’activité sexuelle des individus, à dire ce qui est bien ou mal!», s’est exclamée mardi la philosophe Élisabeth Badinter (Article source AFP)

« je regrette qu’on n’entende pas davantage les prostituées » dans ce débat.

 

Pour la philosophe, la pénalisation des clients, « c’est la prohibition. Je préfère parler de prohibition plutôt que d’abolitionnisme, car c’est l’objectif des auteurs de la proposition de loi », affirme-t-elle.

 

« Sous prétexte de lutter contre les réseaux, c’est la prostitution qu’on veut anéantir. L’Etat n’a pas à légiférer sur l’activité sexuelle des individus, à dire ce qui est bien ou mal », insiste-t-elle.

 

Mme Badinter « n’arrive pas à trouver normal qu’on autorise les femmes à se prostituer, mais qu’on interdise aux hommes de faire appel à elles. Ce n’est pas cohérent et c’est injuste ».

 

Jugeant que la volonté de punir les clients est « une déclaration de haine à la sexualité masculine », elle explique que « ces femmes qui veulent pénaliser le pénis décrivent la sexualité masculine comme dominatrice et violente. Elles ont une vision stéréotypée très négative et moralisante que je récuse ».

 

Selon elle, la proposition de loi ne va pas mettre fin à la prostitution: « Je ne connais aucune prohibition qui fonctionne. Elle démultiplie le pouvoir des mafieux ».

 

« Favorable à la pédagogie sur la prostitution et les séquelles qui peuvent en résulter », la philosophe souligne que « dans certaines conditions, la prostitution est difficile à vivre, mais il y a des femmes pour lesquelles ce n’est pas aussi destructeur qu’on le dit ».

 

« Je regrette qu’on n’entende pas davantage les prostituées. Elles seules sont habilitées à parler. Mais quand l’une affirme: +je le fais librement+, on dit qu’elle ment et qu’elle couvre son proxénète. Ce sont les seuls êtres humains qui n’ont pas le droit à la parole », déplore Mme Badinter.

 

Pour les prostituées victimes de réseaux, « la lutte contre l’esclavage des femmes doit être sans merci », ajoute-t-elle. Il faut « que les femmes prostituées puissent dénoncer leur proxénète à la justice sans craindre pour leur vie. Elles doivent être assurées de leur sécurité, d’avoir des papiers et d’être aidées ».

 

« La loi contient des dispositions en ce sens, mais qui me paraissent vagues. Quel est le budget? Comment le prévoir quand on ne connaît même pas le nombre de prostituées ? Est-ce que la lutte contre les réseaux sera une priorité pour la police? Je n’ai pas le sentiment que cela soit le cas », fait-elle remarquer.

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